mardi 29 septembre 2009

Changement climatique et (dés)information

Il y a parfois des coïncidences remarquables dans le monde de la presse.

Le 26 Septembre Le Monde a publié un article d’une courageuse lucidité sur le changement climatique en marche. Le texte rapporte les conclusions de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), sous la direction du ministère de l’écologie. Il donne une idée des bouleversements qui nous attendent aux horizons 2030 à 2100 ainsi que des conseils sur les mesures d’adaptation à prendre destinés aux décideurs ; si vous voulez tout savoir allez à www.ecologie.gouv.fr/-ONERC-.html. Le Monde cite aussi le secrétaire général des Nations Unies qui estime que « le temps des hésitations est terminé »

L’étude de l’ONERC table sur une élévation de 3 à 4 C° d’ici 2100 (hypothèse modérée) et envisage l’impact de cette hausse sur tous les aspects de la vie socio économique. C’est un rapport scientifique donc neutre et mesuré. Les perspectives décrites et les mesures préconisées n’en semblent que plus difficiles à imaginer pour un citoyen français dans sa vie protégée actuelle.

Certaines phrases du « résumé pour décideurs » m’ont particulièrement interpellée. Je cite :

« Les impacts du changement climatique ne seront répartis ni uniformément ni équitablement à l’échelle du territoire » …
« Les individus les plus défavorisés seront probablement les plus affectés et le plus rapidement par les impacts du changement climatique … les inégalités pourraient alors se creuser»
Et par conséquent « l’information, la sensibilisation et la mobilisation des acteurs et de la population au changement climatique et à l’adaptation constituent des aspects fondamentaux » .. des politiques à engager.

Je ne reprendrai qu’un seul exemple concret: les menaces prévisibles touchant nos voisins du Languedoc Roussillon qui cumuleraient : les fortes baisses de rendement en viticulture liées aux canicules et au déficit en eau, le recul de la côte liée à l'érosion ou à la montée des eaux qui, en l’absence de politiques d'adaptation, concernerait plusieurs centaines de milliers de personnes, la destruction de logements qui pourrait coûter à elle seule plusieurs dizaines de milliards d'euros à l'échelle du siècle pour cette région, la perte de biodiversité par le report des constructions sur des zones peu urbanisées.

Et le lendemain notre quotidien local consacre la bagatelle d’une page entière à une interview de M. Claude Allègre qui prend sans nuances le contre pied des points de vue exposés plus haut. Au passage – et à l’appui de ses dires ? - il se permet des commentaires simplement insultants envers Nicolas Hulot (qui sait se défendre tout seul, voir Le Parisien aujourd’hui). Qui est M. Allègre pour se permettre de réfuter sur une pleine page les thèses reconnues par des scientifiques du monde entier ? Professeur de géologie à l’Université, il a certes les capacités intellectuelles pour analyser les changements climatiques en cours mais de là à supplanter à lui seul des années de travaux de ses confrères climatologues spécialisés il y une marge.

Alors pourquoi cet article ? Sans contradicteur, ni commentaire modérateur ? Les lecteurs de Nice Matin ne sont pas forcément abonnés au Monde pour faire la part des choses. Et fallait-il absolument –pour la clarté de l’exposé peut-être ? – que le dernier paragraphe soit consacré à une attaque des Verts sur des bases fausses avec pour conclusion « les Verts ce sont des gens qui taxent à tout va ». Le rôle de porteur de mauvaises nouvelles est difficile et les Verts ont pu souffrir de tirer la sonnette d’alarme depuis longtemps. Mais les Verts proposent aussi des programmes et s’engagent, dans toutes les villes où ils ont des élus, à prendre des mesures qui permettront de faire face à ces désordres. Leur programme et leurs réalisations ne sont jamais une « cosmétique verte », nous agissons.
J’invite M. Allègre à se documenter sur les taxes locales et les services rendus dans les villes gérées par des Verts et à comparer avec Nice et les Alpes Maritimes dont les contribuables viennent de recevoir les feuilles d’imposition locale.

lundi 28 septembre 2009

Port de Nice : on va marcher sur la Chine


Tous les élus, présidents d’associations et quelques autres, ont reçu récemment un luxueux carton d’invitation à assister le vendredi 2 Octobre au lancement des travaux de réhabilitation du port de Nice.

Le carton est illustré par des reconstitutions en couleur des quais Lunel et Pappacino après travaux. On peut donc « admirer » les trottoirs-terrasses refaits, la voie de circulation automobile réduite et une belle piste cyclable le long de chaque quai. Rien de très discutable sur le principe, si ce n’est que comme nous l’avions dénoncé lors des concertations publiques, on en est à de la cosmétique de surface et qu’un projet global de tout le quartier incluant une ligne 2 du tram reste à définir.

Mais le détail qui est inacceptable c’est la nature du revêtement des trottoirs et pistes cyclables. On peut voir sur les photos que comme dans le centre ville et toutes les places le long de la ligne 1 du tram : trottoirs et pistes sont dallés de gris foncé.

C’est une erreur d’aménagement climatique. En plein soleil ce revêtement emmagasine puis dégage beaucoup de chaleur spécialement dans cet environnement minéral et sans arbres.

C’est à mon avis une erreur esthétique. Nice, ville du Sud, dont les peintres ont célébré la lumière et les couleurs, est devenue une ville grise. Tout le contraire des beaux tons ocre clair de Nîmes, Montpellier dont les centres anciens ont été si bien mis en valeur.

C’est aussi et surtout un formidable démenti aux déclarations permanentes de nos édiles sur « Nice modèle de développement durable ». Car ces dalles, sont décrites de façon telle par les urbanistes de la ville que seul convient un type de basalte gris en provenance de Chine. Le sacro saint principe de la libre concurrence est respecté dans les marchés par un tour de passe-passe : un grossiste importe les pierres et les vend aux entreprises qui feront leurs offres à la ville.

On nous amuse ces jours ci avec une présentation dévoyée de la Contribution Climat énergie en la baptisant taxe carbone. Et en même temps il est possible à la 5ème ville de France de daller ses rues avec des pierres acheminées de Chine par cargo puis camion (combien de tonnes de CO2 représente le dallage d’une rue ?)

On va organiser à la mairie une formation des personnels pour les inciter à créer des clauses d’insertion sociale dans les marchés et parallèlement on importe des tonnes de matériaux extraits en Chine dans de conditions que l’on n’ose imaginer.

Où est la cohérence ? le souci de développement durable. J’ai demandé plusieurs fois en Conseil que l’on renonce à cette « charte graphique » imposée par des urbanistes peu soucieux de développement durable mais le résultat est là. Les quais du port de Nice seront gris et chauds, et auront coûté des tonnes inutiles de CO2.