jeudi 23 septembre 2010

Une histoire de Dengue Un écocide dans les jardins niçois, raconté par Mari-Luz et Courboulex



Lors du conseil municipal du 17 j'ai interpellé l'adjointe à l'environnement et le maire à propos des conséquences des pulvérisation de grande ampleur et sans discernement d'insecticides puissants pour "éradiquer" le moustique Aedes albopictus, surnommé "tigre".
le moustique Aedes albopictus, peut propager le virus de la dengue s'il a piqué une personne infectée par ce virus. En aucun cas il ne pourrait déclencher une épidémie car la maladie - sorte de grippe provoquant des douleurs articulaires et une grande fatigue - ne se transmet d'un sujet humain à un autre.
On peut donc juguler la progression de l'infestation des moustiques en les supprimant et de préférence en supprimant les larves, qui comme pour tous les autres moustiques se développent dans l'eau. Ce qui permet des traitements par un insecticide uniquement "larvicide" qui ne s'en prendra pas aux autres insectes volants.
J'a donc dit lors du conseil : "Les méthodes décrites cette semaine par la presse font frémir. Vaporisation des alentours de votre maison d’un insecticide puissant et dilué dans un solvant cireux qui va se déposer sur les feuilles des végétaux et autres supports et bien sur y rester un certain temps. On vous demande de ne pas sortir pendant le traitement, de rentrer vos animaux domestiques, de ne pas étendre du linge. Bref Beyrouth et pas que pour les moustiques.
Comment faire coexister les objectifs de ville sans pesticide, de couloirs de biodiversité en pratiquant de telles méthodes ? car sans insectes, les oiseaux , les chauves souris, les petits reptiles disparaissent. C’est toute la chaine qui disparaît.
Et il n’y qu’une parade : freiner au maximum le développement des moustiques en empêchant les larves de se développer. On bassine les particuliers avec les coupelles et autres pots de fleurs des balcons et jardins. Mais que fait la ville ? .... et c’est là que le bât blesse.

Allez vers la plate forme du tramway, là où il y a du gazon. Dès qu’un véhicule roule sur l’herbe des ornières se creusent et se remplissent d’eau. Tout près de la mairie sur Jean Jaurès il y a ainsi des petits marécages qui sont de vrais élevages. Ma rue est très mal entretenue et quand le balayeur passe il se forme constamment en amont de l’avaloir une large flaque qui persistera longuement, bien assez pour que les larves se développent. Si c’est vrai pour cette rue, ça l’est pour d’autres. Le panneau lumineux de la maison de l’environnement, pertinent et drôle, est tout à fait insuffisant vu l’ampleur du problème.
Nous sommes condamnés à donner l’exemple, nous devons revoir l’hygiène urbaine, inventer des ambassadeurs de la lutte anti-moustique chez les particuliers, dans les écoles, c’est largement aussi important que les ambassadeurs du tri.
Bref j’espère que la ville saura limiter au maximum le recours à des méthodes écocides d’un autre âge. "

Et curieux hasard : voici l'aventure subie par un ami, directeur de la sympathique "Gazette des jardins" qui vit rue Robiony et dont je transmets le communiqué

"Le jardin bio de la Gazette sous un déluge de pesticides
Ironie de l’histoire, la Gazette des Jardins – qui a été le premier journal à annoncer en 2006 la présence massive d’Aedes albopictus (alias moustique-tigre) dans le 06 – cultive son jardin bio depuis 25 ans à proximité du cas de dengue qui a fait l’actualité paranoïde de ces derniers jours.
Tout le quartier a donc été copieusement aspergé de pesticides (Cérathrine® mélange de deltaméthrine et d’esbiothrine).
- Samedi 18 septembre : traitement nocturne avec nébulisateur sur 4 x 4, portée 40 mètres
- Lundi 20 septembre : visite des jardins privés
- Mardi 21 septembre : traitement diurne des jardins privés avec nébulisateur portable
- Jeudi 23 septembre : nouveau traitement nocturne avec 4 x 4
Le cas du jardin de la Gazette
Absents jusqu’à mardi soir, nous avons par téléphone interdit l’accès aux techniciens de l’Entente Interdépartementale de Démoustication Méditerranée (EID) pour la bonne et simple raison que l’application de produits tels que la deltaméthrine est interdite en présence d’abeilles. Or, notre jardin est butiné très tôt car nous avons une profusion de fleurs de courgettes (entre autres) en cette période.
Néanmoins ces pesticides ont été copieusement répandus dans les jardins voisins formant un nuage sur tout le quartier.
Premières constatations
De retour le 21 septembre, nous avons pu constater :
- La fuite des oiseaux qui étaient très présents auparavant, à l’exception d’un tout jeune merle et
d’un couple de tourterelles qui n’est à aucun moment descendu au sol. Le jardin était très bruyant dès le lever du jour, désormais c’est silence de mort !
- Les pollinisateurs qui pullulaient se comptent sur les doigts des deux mains : les guêpes sont visiblement désorientées, les bourdons semblent ne pas avoir souffert. Les abeilles ont déserté, quelquesunes viennent butiner les fleurs d’aubergine orientées vers le bas et situées près du sol.
- De très rares papillons s’approchent des plantes puis s’enfuient sans les toucher.
- Il n’y a plus d’autres insectes qui résidaient pourtant en masse dans ce quartier fleuri toute l’année.
- SAUF les Aedes albopictus qui se sont réfugiés à l’intérieur de la maison ainsi que dans les bacs de ramassage du tri sélectif.
Ce qui nous met en colère
Nous ne contestons pas l’opportunité de l’arrêté préfectoral qui a déclenché cette guerre chimique, MAIS :
- Nous n’acceptons pas que des traitements aient été effectués en plein jour, au mépris des abeilles et autres pollinisateurs.
- Nous condamnons la communication de l’EID qui a dit à tous les résidents qu’ils pouvaient manger leurs légumes le jour même après les avoir lavés alors que le DAR (délai avant récolte) de la deltaméthrine varie de 3 à 90 jours selon les légumes (données disponibles sur le site du Gouvernement (http://e-phy.agriculture.gouv.fr/).
- Nous nous interrogeons sur la toxicité de l’esbiothrine dont l’emploi en agriculture est non autorisé
en France.
- Nous déplorons que les deux petits magasins de légumes situés à quelques dizaines de mètres des zones traitées de jour n’aient absolument pas été prévenus de cette intervention, au moins pour protéger leurs étalages pendant la nébulisation.
Les méthodes de lutte doivent changer
Pendant des années, la présence de l’Aedes albopictus a été minimisée (tourisme oblige), puis des prospectus ont été distribués avec des messages culpabilisants du genre « videz les coupes sous les pots de fleurs ». Cela vaut bien entendu en climat tropical où il pleut tous les jours, mais en Méditerranée les orages sont rares et le contenu d’une soucoupe s’évapore en deux jours, voire moins. Or il faut une semaine aux larves pour se développer… Désormais on accuse les bambous, pourtant ceux-ci ne sont pas des réservoirs d’eau stagnante.

Pendant ce temps le PRINCIPAL VECTEUR de la propagation rapide du moustique-tigre est ignoré. Il s’agit des GBA, ces bornes rouges et blanches utilisées sur les chantiers routiers et qui ont toutes perdu leur bouchon. La photo ci-contre a été prise dans la rue même où réside le malade de la dengue, trois GBA pleines d’eau ont été laissées sur place, elles n’attendent que la dissipation des insecticides pour redevenir des couveuses à moustiques-tigres.

- Les poubelles remplies par les pluies de la semaine dernière n’ont pas été vidées et sont envahies de mouches à m… qui apparemment se contrefichent des effets du produit de traitement.
- Les conteneurs jaunes destinés aux emballages ne sont pas percés, l’eau y croupit, les transformant en d’excellents incubateurs.
- La Direction du Territoire Ouest Littoral, située dans le quartier, n’a toujours pas vidé sa fontaine désaffectée.

Plus jamais ça !
L’Aedes albopictus s’est installé dans les Bouches-du-Rhône depuis trois ans, des lecteurs de la Gazette des Jardins ont noté sa présence en Avignon et dans l’Ardèche cette année, ainsi qu’à près de 1000 m d’altitude dans le massif du Mercantour. La Dengue, le Chikungunya, voire la Fièvre du Nil vont forcément déclencher d’autres alertes au moustique-tigre dans les villes.
La question est simple, va-t-on transformer les refuges de biodiversité que sont nos cités en athanées sans insectes et sans oiseaux où le végétal ne sera plus qu’en plastique coloré ?"

En conclusion : que la ville de Nice autoproclamée ville sans pesticides commence par montrer l'exemple.

mardi 21 septembre 2010

Petites "délibs" et grands principes en question lors du Conseil Municipal du 17 septembre


Ambiances : Toujours la même impression d'étouffer à la fin de ce conseil. Nous sommes parfois écoutés, jamais entendus : micro coupé, reformulation sciemment fausse de nos demandes sans possibilité de rebondir. Le sommet a été atteint lorsque nous avons approuvé une analyse financière confondante faite par Me Chauvet (liste entente républicaine, peyratiste) sur la Libération, le maire a ironisé sur une "suspicion de collusion" entre notre groupe et l'ultra droite .... Après les déclarations de cet été de différents membres du gouvernement dont notre maire-ministre, cette accusation ne manque pas de sel.

Devant la mairie : tout le groupe Changer d'ère était présent à 8h30 derrière la banderole de RESF pour soutenir les demandeurs d'asile, mis encore une fois à la rue. Et pourtant la ville a un riche patrimoine foncier ... qu'elle vend aux enchères. Depuis que je suis conseillère j'ai vu partir ainsi assez d'appartements dans la vieille ville pour satisfaire une grande partie des demandes. Si en plus ces appartements étaient réhabilités en régie avec des chantiers d'insertion, l'intégration de ces familles serait une réalité... mais pour cela il faudra que dans 3 ans les électeurs fassent un choix. Inutile de dire qu'il y avait presque plus de policiers - y compris leur hiérarchie- que de manifestants !!! Tout cela sous l'oeil des caméras de video surveillance : une devant l'entrée de la mairie, l'autre à l'angle de la rue Mari.
Pour faire bon poids, le public assistant au Conseil est fiché : il doit déposer nom, adresse etc.. sur un registre avant de pouvoir entrer.

Laïcité en péril : L'une des deux délibérations du maire lui-même, proposait en tir groupé : l'acquisition et l'installation Place de la Libé d'une imposante statue en pied du Général de Gaulle ; le lancement de l'acquisition d'un buste du pape Jean Paul II destiné à orner la Place du Monastère de Cimiez (rebaptisée Jean Paul II) et enfin le souhait de rendre hommage à Albert Camus.
L'idée d'utiliser les deniers publics pour réaliser une statue du chef d'une église, quelle qu'elle soit, m'est apparue comme totalement contradictoire avec la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat et avec les principes de laïcité que notre gouvernement semble oublier trop souvent. Un bref communiqué d' Europe Ecologie-Les Verts (blog du CEEPN) avait été repris par deux journaux locaux et RadioFrance.
Nous avons demandé que la délibération soit scindée en deux, pour pouvoir approuver l'hommage à de Gaulle. Refus obstiné du maire. Nous avons donc voté contre.

Aménagement de la Libération : Le dossier rituel sur la Libé portait cette fois sur les actes notariés par lesquels la ville cède définitivement son patrimoine foncier sur ce site et ce à l'Euro symbolique. Or ces terrains ont été achetés à l'Etat pour 83 millions de francs. De plus la ville accepte de payer un surcoût de l'opération de 24,4 millions d'€ car l'opérateur, bien sûr, doit être bénéficiaire, lui... Je suis intervenue pour demander que l'acte notarié soit revu et qu'on y rajoute une clause d'obligation de protection du bâtiment des voyageurs lors du creusement du "trou" du parking souterrain. Clause obtenue.

Nice ville sans pesticides? ... C'est ce qui a été voté il y a quelques mois..... et l'influence des Verts y est pour quelquechose. Mais l'intox que nous subissons à propos du moustique "tigre" via notre presse quotidienne laisse entrevoir des traitements massifs sans aucun discernement qui aboutiront à un véritable écocide. Et ce n'est pas une exagération : pas d'insectes, pas de pollinisation, pas d'oiseaux insectivores. J'ai suggéré que la ville donne l'exemple et traite les larves des eaux stagnantes du domaine public : mares de la plateforme du tram (gazon sur l'avenue Jean Jaurès), eaux de voirie mal canalisées, bouches à égout infestées etc.... On n'a bien sûr pas répondu à cette demande et surtout pas l'adjointe à l'environnement.

On n'arrête pas le progrès : il existe des auto bio mobiles : si, si, et elles auront même leur salon organisé rien moins qu'au Parc Phoenix, que nous louons moitié prix pour l'occasion à la jeune chambre économique (cadeau de 11000€...quand on pense aux demandeurs d'asile...). J'ai (re)souligné l'incongruité de l'oxymore "auto bio mobile" et déploré que l'on tienne un salon automobile dans un espace vert.

L'art de la provocation : 18 délibérations présentées par l'adjoint aux finances consistaient en autant de "relances de demandes de subvention à la région PACA". De la provocation pure car la Ville de Nice n'avait nul besoin d'autorisation pour relancer. Tout y passait : le stade "Olympic Nice Stadium" (appellation du maire), des constructions sportives variées, des restaurations de bâtiments historiques etc... Patrick Allemand a répondu sur le stade, et nous avons refusé de voter cet inventaire à la Prévert.

Ceci est bien sûr un compte rendu nécessairement partiel. Si vous vous voulez avoir la retranscription mot pour mot de nos interventions, et des réponses qui leur sont faites, allez sur le site de l'opposition
. Il suffit ensuite de cliquer sur le nom du conseiller qui vous intéresse.

Le prochain conseil aura lieu en novembre.



dimanche 27 juin 2010

Conseil Municipal du 25 : Petites phrases et empoignades

Le Conseil Municipal s'est tenu vendredi 25. Il n'avait pas siégé depuis le 26 mars. 165 délibérations, des dossiers lourds et importants, traités dans une ambiance exécrable avec un maire qui méprise son opposition au point de rédiger des dédicaces de "son" livre (pour qui ?...) pendant que l'un de nous s'adresse à lui.


150ème et bilan carbone : Hilarité générale et sourire jaune du maire lorsque l'élu vert RG demande à l'issue d'un débat sur les festivités du 150ème anniversaire, que lui soit transmis le bilan carbone des démonstrations de la patrouille de France....S'il n'y avait que cela. On nous a bien sur refusé un bilan financier précis des festivités pour le contribuable parce que toutes (enfin presque ... cf un repas de gala somptuaire au Palais Sarde) les manifestations étaient gratuites. Et alors? rien que pour une pièce de théâtre relevant du vaudeville de bas étage nous avons dépassé le demi million d'euros.

La Libé : Un des dossiers phares était la désignation du groupement d'entreprises qui assurera la réhabilitation de la halle des chemins de fer du Sud et de l'aménagement de la Place de la Libération. Le groupement de financiers et promoteurs arrivé en tête du processus est le "moins pire" car il sauve le patrimoine archittectural. Mais pour l'ensemble grosse déception. Nous sommes de toutes façons devant le fait accompli sauf pour l'aménagement intérieur de la Halle. Je vous en parle en détail plus tard car il y a beaucoup à dire.

Caméras : Les séances ne sont plus enregistrées et diffusées en direct sur internet. Le maire interpellé justifie la suppression unilatérale de cette information par un souci d'économies et revendique d'avoir pris la décision LUI seul. ...Cette "captation" des séances coûtait à la ville 45 000€ par an alors que nous avons lancé cette semaine un marché pour rééditer le magazine de la ville qui sera distribué dans toutes les boites aux lettres et proposé dans de nombreux points de diffusion dans la ville et que ce journal côutera environ dix fois plus. Où sont les économies ? Mais le maire persiste : comment pouvons-nous comparer le petit nombre d'internautes (18 000 ... ce qui est énorme à mes yeux étant donné l'effet démultiplicateur du web) suivant la séance contre 200 000 lecteurs d'un journal d'information ... cherchez l'erreur quand vous saurez que dans le fameux magazine le groupe Changez d'Ere aura droit à un articulet de 1220 caractères, espaces compris et le groupe Communistes à un timbre poste de 750 caractères....

Conseil communautaire : A la suite de l'entrée à Nice Côte d'Azur, de Lantosque et Utelle, Nice a droit à 2 conseillers de plus. Encore une fois le maire fait le calcul de notre représentation en se basant sur les 2 postes et non sur la totalité des postes dévolus à Nice. Nous nous faisons traiter de " seul groupe à nous identifier idéologiquement" à la communauté urbaine car "la majorité n'a aucun engagement politique et ne revendique QUELQUE ETIQUETTE QUE CE SOIT" ... c'est le maire/ministre/secrétaire local UMP qui le dit, lorsque nous revendiquons le droit à une représentation plus juste de l'opposition au conseil communautaire. Les électeurs de gauche apprécieront! Nous allons en appeler au Tribunal administratif car il y a la loi et l'esprit de la loi et dans ce cas une telle sous représentation aggravée à chaque élargissement du conseil relève du scandale.

Casinos : demande d'extension des jeux. Les Verts votent contre l'inflation des jeux de hasard comme depuis 3 mandats. Commentaire de l'adjoint aux finances : "eh bien vous avez raison, comme cela les gens iront jouer à Monaco ou à Cannes". C'est ce qui compte à leurs yeux : "perdre" des clients mais pas que des familles se ruinent

Festival de Jazz : on nous demande d'acter l'abandon des Arènes pour le Théatre de Verdure et les jardins Albert 1er... et surtout d'approuver un système de billetterie "fractionnée" très pénalisant pour les revenus modestes : on vendra des billets différents pour les différentes scènes. Et on continue a confier cette manifestation à un opérateur privé. Qu'est devenu l'esprit de la manifestation et du lieu? Après une argumentation serrée de Fred, le maire a un doute et accepte de modifier le texte : les billets d'entrée seront valables pour les 3 scènes. Je suis convaincue que nous avons acté la mort programmée du festival de Jazz de Nice, dont même le nom pourra être modifié par l'opérateur choisi..

Passage en régie des cantines scolaires : Il faut savoir que la négociation du nouveau contrat de délégation de service était presque aboutie lorsque - sur dénonciation - il est apparu que ces négociations avec les entreprises étaient viciées par le recours à un consultant indélicat . Impossible de passer outre. Donc le plus habile était de se servir de tout le travail fait et de décider de passer en régie. Le fait que Patrick Allemand évoque une tentative de corruption a déclenché une ire dantesque chez notre maire...qui lui a inspiré un "Monsieur Allemand, vous êtes un élu de caniveau" ...ambiance... et en conclusion c'est le maire qui veut poursuivre l'élu d'opposition pour diffamation et non l'inverse. Là aussi cherchez l'erreur. Très concrètement : je sais qu'une directrice de service remarquable a été nommée en charge de la restauration scolaire, que les dossiers progressent ... mais malgré la prolongation de un an du contrat SODEXO, j'ai des doutes sur la possibilité d'être en ordre de marche pour la rentrée 2011 .. et que tout naturellement on revienne à la délégation de service public. Rendez vous en septembre 2011 et espérons que la régie soit mise en place car ce serait un grand progrès.

.... bref si j'ose dire, "Grosse Fatigue" après ces 12 heures de séance. Je regrette beaucoup que si peu de citoyens - hormis la claque de la majorité - ne viennent assister aux séances, que si peu de militants ne viennent les préparer avec nous. La démocratie locale est vraiment en jeu.



dimanche 13 juin 2010

La république des escrocs

Effarée est faible pour décrire ma réaction lorsque j'ai lu l'alerte transmise par les fabuleux "ecologeeks" un réseau d'alerte particulièrement efficace.

Sur saisine du Conseil d'Etat, le Conseil Constitutionnel vient de déclarer inconstitutionnel, par une décision du 11 juin 2010, l’article L.7 du code électoral. Toutes les personnes frappées d’inéligibilité à ce titre sont fondées à demander leur réinscription sur les listes électorales.

L’article L. 7 du code électoral frappait d’inéligibilité tous les élus condamnés dans des "affaires" telles que nous les avons trop souvent connues à Nice (corruptions, prises illégales d'intérêt etc..). Ces élus ne seront donc plus dans l'incapacité d’exercer une fonction publique élective d’une durée égale à cinq ans.

Outre qu'elle n'était que justice, cette mise à l'ombre était suffisamment longue pour prévenir des retours sans vergogne ... quoique.... il suffit de regarder l'échiquier politique

On ne peut annoncer plus clairement la dépénalisation des affaires. Il sera intéressant d'observer quel-le-s élu-e-s sous le coup de cette condamnation vont avoir le front de demander leur réintégration dans leur charge. Il sera encore plus intéressant de voir qui dans les procès qui s'annoncent (tout particulièrement dans les Alpes Maritimes) va "profiter" (dans tous les sens du terme) de cette réinterprétation de la loi.

En tant que présidente de la Commission des Appels d'offres, je m'interroge sur le sens de mes efforts pour traquer les irrégularités des marchés de la ville. En tant que membre de l'opposition ce sera intéressant d'interpeller les élus de la majorité sur la suite qu'ils comptent donner à cette révision de la loi, eux qui disent avoir signé un "pacte d'intégrité".

Et pour terminer il faut noter que cette procédure de "question prioritaire de constitutionnalité" vient d'ouvrir grandes les portes de la possibilité de révision de tout le droit dit "positif".

Plus que jamais je soutiendrai la signature par tout candidat d'Europe Ecologie de la charte d'Anticor. Vivement 2012 et une politique radicalement différente!!!!!

lundi 31 mai 2010

Le blocus de Gaza: une vengeance et un aveu d’impuissance

Je reprends ce blog sous le coup d’une indignation si forte qu’il faut que je la partage.
L’année écoulée a été malheureusement si riche en désastres et cataclysmes (Haïti en particulier) que nous nous sommes détournés du drame qui se déroule aux portes de l’Europe : le blocus de Gaza. Et voilà que l’abcès crève sous nos yeux avec cet acte de piraterie meurtrier commis non pas par des pêcheurs somaliens aux abois, mais par une nation qui s’est donné le droit de condamner un peuple à mourir lentement sous un blocus totalement arbitraire.
Or l’histoire nous a montré que si le blocus est une arme réellement inefficace en termes de reddition de « l’ennemi », il est malheureusement une arme très efficace en termes de paupérisation et de maltraitance des populations, surtout des plus fragiles, et ne peut que radicaliser les haines et le conflit.
Qu’avons-nous fait, nous Européens, depuis 2005 ? pas grand chose. Et pourtant je me souviens de Daniel Cohn-Bendit, le jour du meeting des élections européennes à Nice. Dany avait rêvé tout haut d’une Europe franchissant la Méditerranée et parvenant à réconcilier Palestine et Israël. Il m’avait touchée. Dommage que ces vœux en soient restés là.
La « flottille de la paix » était une réalisation remarquable par la diversité de ses acteurs : citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie qui avaient unis leurs efforts pour affréter les bateaux et réunir du matériel très varié allant de kits pour écoliers à des maisons préfabriquées, du ciment etc… La guérilla a commencé il y a plus de deux semaines, Israël a essayé par tous les moyens, y compris le sabotage matériel d’un bateau, d’empêcher l’appareillage.
Ne pouvant pour l’instant que manifester mon indignation j’ai envoyé aujourd’hui ce court communiqué à la presse écrite … et comme je pense qu’il y a peu de chances qu’il ne paraisse intégralement je le reproduis ici :

Pour un arrêt immédiat du blocus de Gaza
A la suite de l’agression commise par l’armée israélienne contre la « Flotille de la Paix » les Verts expriment leur colère et assurent de leur soutien les membres du convoi et la population de Gaza.
Rien ne peut justifier cet assaut prémédité, commis dans des eaux internationales, par des commandos surentrainés, contre une expédition humanitaire, rendue urgente par un blocus barbare. Rappelons que les bateaux apportaient entre autre 100 maisons préfabriquées et 500 fauteuils roulants ainsi que du matériel médical, et que dans le convoi étaient présents, des députés européens.
Avec leur direction nationale les Verts 06 demandent que « la communauté internationale et l’Union Européenne interviennent immédiatement pour venir en aide à la flottille de la paix et faire cesser les crimes actuellement en cours.
Tout doit être mis en oeuvre pour que le blocus aérien, maritime et terrestre de ce petit territoire où vivent un million et demi de personnes et qui dure depuis plus de 5 ans, soit levé et que dans l’immédiat les bateaux chargés de nourriture, matériel médical, ciment etc., soient protégés. »


Pour les Verts des Alpes Maritime
Mari-Luz HERNANDEZ-NICAISE, Porte Parole Verts 06

mardi 9 février 2010

Adieu Guy!


La semaine dernière, un compagnon de lutte(s), Guy MARIMOT, nous a quitté. Sa fin a été très soudaine. Je lui avais longuement parlé en fin de matinée, joyeusement, car nous célébrions l'attribution de la 5ème place sur la liste des régionales, d'un militant exemplaire de l'agriculture biologique. Le soir sa voix s'était tue. Lors de ses obsèques j'ai prononcé pour les Verts une petite allocution que je retranscris :



"Guy tu n’aurait jamais dû partir comme ça. Juste maintenant que tout recommence. Pour moi c’était une force de la nature, là dans son fauteuil et il pouvait être impressionnant et séducteur, mariant avec un art consommé au fil de la conversation une géniale convivialité et des coups de gueule qui portaient. Parler avec lui, les bons jours, était un régal car il partageait volontiers son immense culture politique, et sa vivacité intellectuelle, son avidité de nouveaux savoirs amenait toujours à progresser. Dois je résumer son cheminement politique ? Il est tellement foisonnant que ce sera forcément incomplet. C’est le fil conducteur qui importe ici. Le fil qui a amené un militant de gauche, capable de traduire dans sa vie ses engagements par dix ans d’enseignement en Asie du Sud Est, jusqu'à la fondation du parti les Verts en 1984. Comme pour tous les vieux militants de ce jeune parti , l’aventure a commencé dans les luttes locales contre les centrales nucléaires, les pollutions des côtes, au sein d’associations comme les Amis de la terre et s’est cristallisée de façon intermittente autour des candidatures de René Dumont puis de Brice Lalonde. Les différentes tendances existantes décident de fusionner lors du congrès fondateur de Clichy en 1984. Parmi les membres fondateurs vous connaissez Yves Cochet, Didier Anger, Ghislain Nicaise et bien sûr Guy Marimot qui sera successivement porteparole national, et secrétaire national en 89, et secrétaire régional PACA. J’aime rappeler aujourd’hui que les élections européennes de 1984 sont conduites par une liste qui s’intitule « Les Verts Europe Ecologie ». Et que c’est la première élection après laquelle le parti se pérennise. Espérons que c’est de bonne augure. Les Verts ont beaucoup évolué depuis la création. Une étape décisive a été de renoncer à une fausse neutralité. J’ai eu longtemps à la maison une affiche de Brice, dessiné par lui même et qui proclamait : « de gauche ne daigne, de droite ne puis, écologiste suis ». Cette posture du ni-ni a été abandonnée en 93 et le parti est devenu porteur d’un projet infiniment plus riche en s’inscrivant dans le camp de la transformation écologique et sociale. Guy a accompagné toutes ces évolutions avec un enthousiasme et une pertinence jamais démentis. Je ne l’ai personnellement accompagné qu’à partir de 1995, lors de son premier mandat de conseiller municipal. Quand ma retraite m’a permis de consacrer du temps aux Verts c’est lui qui m’a demandé de me lancer dans l’aventure des municipales de 2001. Je peux donc témoigner de son intense activité et bien sur le remercier car cette aventure municipale s’est révélée incroyablement enrichissante. Pendant tout ce premier mandat il a réussi à faire parvenir des compte-rendu de mandat à plus de mille électeurs. Son intervention a été déterminante dans le choix du tramway et surtout du tramway sur rail lors de son premier mandat. Lorsque nous nous sommes retrouvés 3 conseillers Verts en mars 2001, le rôle de mentor de Guy nous a été d’un grand secours. Nos propositions, interventions ont pris beaucoup plus de force même si sous Peyrat l’opposition était réduite à de la figuration. Guy a mené ce dernier mandat jusqu’au bout malgré de sérieux problèmes de santé qu’il a subis dans la discrétion et sans cesser de militer. Je tiens à souligner qu’à côté de la défense de l’environnement, de la démocratie participative, de la lutte contre les corruptions, il militait sans cesse pour une gouvernance qui prenne pleinement et concrètement en compte les situations de handicap. J’entends encore une intervention où il nous a expliqué magistralement que le handicap n’existait dans une ville que si nous le faisons exister, que par des mesures simples on pouvait adapter la ville si bien que le handicap s’effaçait . Même le maire eut l’œil humide… mais ne fit rien. Je dois remercier Guy de m’avoir ouvert les yeux sur toute cette partie de la politique sociale que nous devons mener, nous les Verts, de façon exemplaire. Ses enseignements me servent constamment pendant ce mandat, et ils ont porté aussi sur beaucoup d’autres personnes. Ne souhaitant pas participer à une liste d’union PS.Verts, Guy n’a pas renouvelé son mandat de Conseiller municipal. Mais militant dans l’âme il s’est ré-engagé doublement. Il siégeait actuellement au titre des associations de défense de l’environnement, en tant que fondateur de Vert l’Avenir, au Conseil communal consultatif où il animait avec talent et conviction la commission du développement durable. Lundi soir, deux heures avant sa fin, il avait tenu à téléphoner au directeur général pour s’excuser de son absence. Parallèlement il s’était investi avec passion dans la construction de la deuxième version d’Europe Ecologie. Il était profondément convaincu de l’urgence et de l’importance du rassemblement des écologistes d’horizons divers, et de la nécessité d’une écologie politique autonome face aux partis traditionnels. Il a été l’un des artisans du succès de juin 2009. Espérons que l’histoire – qui se répète ici – lui donnera raison. Je terminerai en reprenant les termes de Pitou: «On croit toujours qu'on a le temps... Que demain on dira "merci". Nous ne lui avons pas assez dit merci. A Murielle qui a toujours partagé le même engagement nous disons aujourd'hui merci. Merci Murielle et reprenons le flambeau tous ensemble."

vendredi 22 janvier 2010

Plaidoyer pour nos arbres

A pied ou en tram , à chaque passage, le saccage est là sous nos yeux : la moitié des pins (14), qui commençaient à ombrager les bancs de la Place Masséna, ont été arrachés et 8 des coûteux lampadaires à l’ancienne supprimés.

Tout ça pour augmenter dans des proportions mégalomanes les places assises des tribunes du carnaval : 28 gradins !! 6202 places !! Dans le temps Carnaval n’avait pas besoin de toutes ces places assises. Mes enfants y allaient avec un masque, un faux nez, un maquillage carnavalesque et ils s’amusaient le long du parcours des chars. Toutes ces tribunes s’adressent essentiellement au « carnaval business » des tour operators et c’est pour les satisfaire qu’est organisé ce massacre de la place emblématique de la ville.

Et ne me demandez pas combien a coûté cette sinistre plaisanterie – car déplanter des arbres a un prix, et supprimer des lampadaires anciens aussi. Je n’ai vu aucun marché de la ville à ce sujet. L’office du tourisme ? la communauté urbaine ? peu importe ce sont vos impôts qui financeront.

Or il a fallu 10,5 millions d’euros de vos impôts pour aménager la partie sud de la place, des mois d’un chantier infernal. Quand nous (l’opposition, n’est ce pas) avons découvert cet espace minéral gris noir entièrement pavé de basalte (chinois de surcroit, c’est la notion locale de développement durable) nous avons protesté et obtenu des arbres. Les pins furent choisis, ce qui n’était pas le plus judicieux peut être car leurs racines très puissantes risquent à terme de malmener le revêtement. Ils avaient bien grandi en deux ans et leur ombre atténuait la fournaise dégagée par le revêtement sombre, vrai four solaire. Ils donnaient un petit air méditerranéen à cet espace vide et austère.

Le journal local s’est voulu rassurant : ils ne sont qu’arrachés, pas tronçonnés hein …et on vous le dit, ils seront gentiment rempotés dans les pépinières de la ville. … sauf qu’ils ne reviendront plus sur la place accorder une ombre légère ô combien nécessaire à la belle saison.

Est-ce le commencement de la fameuse « coulée verte » qui pour seulement 40 millions nous transformera la couverture du Paillon en une longue esplanade pour fêtes et congrès ? Et attention ! une coulée où, je cite : « l’espace festif (ne sera) pas jonché d’obstacles ». Les pins en étaient un, apparemment.

Le jardin Thiole aussi devait être une coulée verte. Certes la couleur y est, mais c’est celle d’un gazon artificiel en plastique qui bien sûr ne salit pas les petits enfants, maintenant … mais on imagine dans quelques années l’insalubrité de ce revêtement – en fait une moquette d’extérieur -accumulant poussières, pollutions de toutes sortes, qui finira par se dégrader en produisant des déchets difficilement recyclables. Et puis, disons le clairement il est MOCHE !!! Comme si un tapis brosse en plastique pouvait dans un espace vert remplacer l’herbe, son toucher, son odeur, et respirer comme elle et consommer le CO2. Comme réaménagement d’une ville, future vitrine du développement durable, c’est vraiment très fort.

Et dans ce même jardin, pendant les vacances de Noel, ni vu ni connu, les tronçonneuses ont fait disparaître un myrte splendide, vieux de 200 ans. Il est peu compréhensible qu’un tel spécimen n’ai pas été classé. On va nous répondre que l’arbre menaçait ruine et nous demanderons des preuves car cette essence ne pourrit pas. Mais le myrte ne reviendra pas.

L’attitude de la municipalité vis à vis de notre capital végétal urbain est inquiétante. On ne peut considérer l’environnement végétal urbain comme un simple décor jetable, remplaçable par du plastique et devant céder la place à des équipements rentables. Du brin d’herbe à l’arbre centenaire, du petit recul jardiné aux grands parcs, tout concourt à maintenir la biodiversité dans la ville en hébergeant une faune variée et à assainir une atmosphère à la qualité souvent médiocre.

Et petit rappel pour conclure : le carnaval 2010 a pour thème le développement durable.

lundi 18 janvier 2010

Ruban bleu pour élue verte

Eh bien il est temps de ré-animer ce blog.
D’autant plus qu’un vrai challenge attend Europe Ecologie et les Verts et qu’il faudra vous dire ce que les média tairont.
En attendant, une péripétie de là vie politique niçoise m’a directement concernée. Chrisitan Estrosi m’a remis ce matin l’insigne de Chevalière de l’Ordre National du Mérite. Je ne suis pas particulièrement friande de ce type de « distinction » surtout dans ma position … et j’ai accepté au nom de mes parents, réfugiés politiques de la guerre civile espagnole. Car j’ai de bonnes raisons de penser au vue de l’actualité française et niçoise, que s’ils demandaient asile aujourd’hui, ils auraient de grandes chances d’être reconduits à la frontière et remis aux franquistes.
Voici donc ce que j’ai répondu au maire, en réponse à un éloge franchement dithyrambique … que la circonstance n’imposait pas forcément.
« M. le maire vous avez retracé le comment de mon parcours permettez moi de garder un peu la parole et de vous expliquer un peu le pourquoi.
M. le Maire, je vous l’avais dit lorsque vous m’avez annoncé cette distinction, je ne l’ai pas acceptée pour moi-même mais essentiellement au nom de mes parents, pour lesquels cette année aurait marqué un anniversaire important et pour qui cette distinction aurait été l’aboutissement d’un long parcours.
Il y a 70 ans, mes parents, avec des milliers de leurs compatriotes, se repliant devant l’avancée des troupes franquistes, passaient la frontière espagnole et entraient en France. Ils étaient devenus des exilés, sans toit, sans maitrise de la langue française et renonçaient à tous leurs projets personnels, politiques et professionnels en Espagne au nom de leur combat pour une société de liberté et de justice.
La France les accueillit mais du bout des lèvres… pour beaucoup dans des camps de « regroupement » sur des grèves du Roussillon battues par les embruns et les vents de l’hiver 1939. Un grand nombre d’entre eux fut ensuite reconduit en Espagne franquiste, certains furent dirigés par un gouvernement indigne vers d’autres camps en Allemagne. Grâce à des solidarités multiples mes parents restèrent en France, trouvant malgré les persécutions du gouvernement de Vichy, l’énergie de fonder un foyer et de continuer leur combat dans la résistance avec un groupe de réfugiés espagnols. J’ai personnellement vu les ruines de l’usine que mon père avait saboté sur les ordres de Londres pour empêcher des composants d’explosifs de partir pour l’Allemagne.
Force est de constater que nous n’avons pas beaucoup progressé. Il y a une semaine j’étais avec un groupe de 50 réfugiés politiques de différents pays d’Afrique qui n’avaient ni toit pour s’abriter, ni aide effective de la part des autorités locales malgré des assurances verbales, réduits à un dénuement spectaculaire.
C’est pourquoi je dois dire que je viens de suivre avec un réel malaise pour ne pas dire plus les débats actuels sur la notion d’identité.
Je connais mes origines, elles font partie de moi mais elles ne me définissent pas. J’ai la nationalité française, acquise par naturalisation- quel drôle de mot n’est ce pas - , le même que pour empailler un animal, que je revendique avec fierté, elle ne me définit pas davantage. On est ce qu’on est devenu, ce qu’on a construit au fil des ans, une somme et on ne peut la réduire à une théorique et dangereuse notion d’ identité ; aujourd’hui devant les élus de la République, devant mes amis de militance, il me semble important de redire que ce qui importe vraiment c’est de se reconnaitre dans un projet de société basé sur les valeurs fondamentales énoncées dans les droits de l’homme et dans notre constitution. Et certainement pas de se perdre dans des discriminations et une posture protectionniste fut-elle à l’échelle de l’Europe.
Et justement ce que je suis devenue je le dois à mes parents bien sûr qui m’ont transmis leur ardeur à défendre les valeurs essentielles de justice, de vérité, de liberté, d’entr’aide, de travail bien fait.
Mais je le dois aussi à toute une chaine de « bonnes personnes » qui ont jalonné toutes ces années et qui étaient les citoyens d’une société que nous devons protéger.
Merci avant tout à mes institutrices, toutes admirables de conviction et de dévouement devant ces petites filles de toute l’Europe qui leur arrivaient avec la guerre : polonaises, italiennes, espagnoles. Ce sont mes institutrices de maternelle qui m’ont appris le français, c’est mon institutrice de cm2 qui vint chez nous un soir et sut trouver les mots pour convaincre mes parents de m’envoyer au lycée et m’accompagna pendant des mois, pour m‘aider dans ce monde étrange que je déchiffrais difficilement. Je serai toujours un ardent défenseur de l’école laïque française, creuset des générations successives qui font, qui sont notre société, avec la richesse de leur variété
Et puis il y a eu mon « patron » de fac, Max Pavans de Ceccatty, jeune professeur enthousiaste qui me transmit sa passion pour la recherche et l’enseignement, et me proposa mon premier poste d’enseignant chercheur. Faire confiance à cette étudiante au patronyme étranger, à Lyon, il y a 50 ans n’était pas une évidence. Merci aussi ici à Nice, aux grands scientifiques, que sont François Cuzin, présent dans cette salle et Michel Ladzunski, qui permirent notre installation à l’Université de Nice il y a 25 ans.
Et enfin il y a eu depuis plus de 40 ans LA bonne personne, mon époux, Ghislain Nicaise. Nous avons travaillé ensemble pendant toute notre carrière, milité de concert, élevé nos enfants, choyé nos petits enfants. Membre fondateur des Verts, chercheur infatigable, plume alerte et jardinier émérite, il m’a généreusement aidé à saccager un peu notre retraite pour écrire le chapitre de l'histoire familiale « mari-luz fait de la politique ».
Ce qui me ramène à ce lieu et à mes charges actuelles dont je voudrais dire un mot.
Comme je l’avais dit à un journaliste récemment, je ne suis pas que la petite dame des marchés, ni le St Just des turpitudes locales. Je suis une militante de l’écologie politique. Et ce sont autant mon background politique que mes activités professionnelles qui m’ont irrésistiblement amenée à un engagement politique fort et concret . Longtemps avant que tout édile se sente obligé des signer des pactes et des chartes de vertitude, les signes étaient là. Dès les années 70, en accompagnant mes étudiants dans des sorties d’étude de la faune, dans la campagne lyonnaise ou dans la rade de Villefranche, on pouvait constater que la faune s’appauvrissait inexorablement, que les eaux se dégradaient. Le verre d’eau de Dumont et la construction des centrales de Bugey et Malville furent les détonateurs d’une prise de conscience qui malheureusement et heureusement à la fois est maintenant universelle.
Cela peut paraitre paradoxal mais gérer la passation des marchés de la ville m’a permis et j’en remercie Monsieur le Maire, de participer activement à la mise en oeuvre d’une transition vers une gouvernance écologique. Désormais à Nice et à la communauté urbaine, toute attribution de marché de notation prend en compte des critères environnementaux et sociaux.
Ce qui me réjouit le plus c’est que la bonne volonté des services les a amenés pour la plupart en moins de 18 mois à surmonter une très classique résistance au changement et à réellement adopter de nouvelles pratiques. Je tiens à les associer aujourd’hui à cette cérémonie car la présidente de la CAO les a parfois bien secoués.
Ne nous trompons pas, aucun effet d’annonce venu d’en haut ne pourra verdir notre consommation, il faut une adhésion de toutes et tous, à un projet commun et les premiers résultats sont là.
Aujourd’hui, à Nice, les cantines scolaires ont davantage de repas et d’articles bio, les espaces publics ne sont plus arrosés de pesticides, les normes de construction évoluent spectaculairement pour les bâtiments publics, une certaine sobriété dans la consommation énergétique et dans la consommation tout court : papier, vêtements, véhicules …. se met en place. Mais si nous ne faisons que celà, nous en resterons à un stade cosmétique. Une ville verte c’est autre chose. Nous avons encore beaucoup à faire en particulier sur les grands projets structurants et il y a aussi les citoyens à convaincre mais surtout à faire participer.
Comptez sur moi ….
Je terminerai en vous lisant une partie d’un texte joyeusement explosif que nous a offert une auteure française, Fred Vargas

Nous y sommes !

Nous y voilà, nous y sommes. (…)
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones .
Franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

Franchement on s'est marrés.
Franchement on a bien profité.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) ....qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » (…)
Oui.
On n'a pas le choix, (…)
C'est la mère Nature qui l'a décidé (…)
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (…)
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix. (…)
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel,
laver l'eau,
décrasser la terre,
abandonner sa voiture,
figer le nucléaire,
ramasser les ours blancs,
éteindre en partant,
veiller à la paix,
contenir l'avidité,
trouver des fraises à côté de chez soi,
ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin,
relancer la marine à voile, (…)
S'efforcer,
réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude....être solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.