lundi 28 février 2011

NON à l'apéro raciste à Nice

Je reçois à la mairie, sur ma boite e-mail, bien malgré moi, des courriers peu ragoûtants de Nissa rebela. Comment se sont-ils procuré les adresses des élus ? .....

Quoiqu'il en soit ce matin, un courrier dénonçait avec la haine habituelle les prières dans la rue de Suisse, parlait des "souffrances" des riverains (sous entendu non musulmans et bons niçois) et invitait à un "apéro vin rosé-porchetta" rue de Suisse, le 4 mars à 19h .. Le texte disait qu'une autorisation en bonne et due forme avait été déposée en Préfecture. Le tout accompagné d'un fac similé d'affiche résumant en images brutales ce concentré de xénophobie, de racisme et donnant une image infamante de Nice.

A un tout autre moment c'était suffisant pour réagir. Mais attiser ces sentiments anti-musulmans alors que des millions de citoyens de Tunisie, d'Egypte, d'Algérie, de Lybie etc.. sont en train de lutter pour leur liberté, c'est grave, c'est même déshonorant.

J'ai donc réagi en tant qu'élue d'opposition à la mairie de Nice, par une courte lettre ouverte au Préfet et au maire, que je recopie .... au moins vous la lirez sur ce blog ;-)



Monsieur le Préfet des Alpes Maritimes,

Monsieur le Député-Maire christian Estrosi,


Un mouvement local identitaire , a déposé auprès de la Préfecture une demande d’autorisation, afin d’organiser en plein air, le vendredi 4 mars, “ un grand apéro porchetta et vin rosé, à 19 heures, rue de Suisse”.

Cette manifestation de rue n’est en fait qu’une provocation envers les riverains musulmans qui se rassemblent le vendredi soir pour célébrer leur culte, et parfois bien malgré eux, dans la rue. Les promesses qui leur ont été faites n’ont jamais été tenues et ils ne disposent pas de locaux suffisants pour les accueillir à Nice, 5ème ville de France.

Ce « grand apéro » s’apparente à mes yeux à une incitation à la haine raciale et joue sur les inquiétudes d’un quartier délaissé depuis des années.

J’en appelle au représentant de la République et au Maire de la Ville pour refuser cette provocation qui est dans la droite ligne de la répugnante « soupe au cochon ».

En tant qu’élue d’Europe Ecologie Les Verts, la démarche identitariste m’apparaît à l’opposé de la politique régionaliste solidaire et ouverte sur les réalités européenne et méditerranéenne que nous prônons.


Mari-Luz HERNANDEZ-NICAISE
Conseillère Municipale (Europe Ecologie-Les Verts)

mardi 15 février 2011

Merci RESF

Je participais ce soir au cercle de silence de RESF. Comme il pleuvait dru sur la Place Masséna, nous avons fait une double haie de silence le long des arcades des Galeries. Sous l'oeil de la caméra de "vidéoprotection" (sic) des militants ont joué l'enlèvement d'une petite fille par les forces de police ... émotion palpable car malheureusement cette séquence s'est répétée "pour de vrai" dans beaucoup d'écoles et seules des mobilisations intenses ont pu empêcher une véritable déportation de ces enfants et permis de les rendre à leurs familles.

Cette saynète m'a irrésistiblement rappelé une autre scène de la semaine dernière. Le Conseil général célébrait dans les salons du Palais des rois Sardes, la publication d'un petit livre écrit par un ancien résistant et déporté à Auschwitz, Charles Gottlieb. J'ai fait sa connaissance et apprécié sa force de caractère lors d'un "voyage de la mémoire" organisé pour les collégiens au camp d' Auschwitz-Birkenau. Après le pompeux discours officiel, quatre collégiens ont lu un très beau poème à la mémoire d'une petite fille, Emilie. Emilie était juive et ne savait pas que pour certains, cela la rendait indésirable en France, pire, indigne de vivre. Elle fut enlevée dans sa salle de classe, en France, et expédiée, seule, dans les camps.

Y-a-t-il une différence fondamentale entre ce drame des années noires et les épisodes lamentables qui ont mobilisé RESF toute l'année : ces enfants qu'on est venu chercher dans les écoles et qu'on a placé en centre de rétention, séparés de leurs familles, ces expulsions massives de ROMS qui n'ont d'autre tort que d'être eux mêmes ? A mon sens non. Nous sommes en train de glisser vers un système de gouvernance qui attise la xénophobie, la haine des autres, qui supprime l'un après l'autre tous les acquis sociaux de l'après guerre.

Merci à RESF qui nous aide à garder la capacité de nous indigner.