mercredi 20 juillet 2011

La saga dela Libé - 3 -

Voici donc le dire que j'ai déposé lors de l'enquête publique sur le permis de construire du projet d'aménagement de la Libé. J'enlève la première partie qui était un rappel historique que j'ai développé hier.

Ce sera le Libé 3 (la contestation) avant le 2 (description du projet commandité par la municipalité actuelle) car il faut que je puisse adapter l'iconographie et aujourd'hui c'était impossible.

L'ensemble du projet est le moins mauvais de ceux qui nous étaient proposés, c'est le montage juridico financier qui est détestable : la ville s'est dessaisi de la maitrise d'ouvrage et de ses droits à bâtir pour un Euro symbolique et rachète au consortium ING les deux équipements une fois bâtis (c'est la vente en l'état de futur achèvement, VEFA) : la salle des associations pour 1 M € et la halle pour 8,5 M. D'où mes protestations au Conseil et à l'enquête.

Le dire :


ENQUETE PUBLIQUE SUR LE PERMIS DE CONSTRUIRE POUR L’ENSEMBLE IMMOBILIER DE LA LIBERATION


Rappel historique
(......)
La reconstruction va être réalisée par deux maitres d’ouvrage différents.
La restauration du « bâtiment des voyageurs » est assurée par la Ville de Nice. J’ai présidé le jury qui a sélectionné le maitre d’œuvre, et l’entreprise est en bonne voie. MAIS l’état actuel du bâtiment fragilisé par l’effondrement du toit et des décennies de maltraitance est préoccupant.
La restauration de la halle est confiée en VEFA au groupement qui a déposé la présente demande de permis de construire.
L’histoire du site, les aléas rencontrés lors de la construction de la ligne 1 du tramway, la nécessité de préserver la reconstruction de l’ancienne Gare du Sud, m’amènent à aborder trois aspects des aménagements proposés:
- Parking souterrain : traitement des débits prévisibles lors des fouilles et pertinence d’un parking souterrain
- Réhabilitation de la Halle des trains, bâtiment classé : qualité et coût
- Réservation des emprises pour la liaison intermodale Chemins de fer de Provence/tramway

Réalisation du parking souterrain
Le site du projet se situe exactement sur le cours du Gorbellon, petit cours d’eau descendant vers la mer, recouvert lors des grandes constructions des années soixante. Les études d’impact font logiquement apparaître le risque important de forts débits d’eau à fond de fouilles.

La réalisation du parking passe par une importante excavation - en surface et profondeur - dont les limites jouxtent d’une part des immeubles privés et à l’Est l’ancienne gare du Sud classée, qui doit être réhabilitée dans le cadre global du projet sous maitrise d’ouvrage de la Ville de Nice.
La décompression des parois de l’excavation d’une part, et l’afflux de l’eau d’autre part, risquent de toute évidence de fragiliser les constructions limitrophes…. et tout particulièrement l’ancienne Gare du Sud, déjà très abîmée par des décennies d’abandon.
En outre la réalisation des parois du parking vont provoquer un important « effet de barrage », qui lui aussi engendrera des désordres sur les constructions avoisinantes. C’est ce qui s’est déjà produit pour plusieurs constructions limitrophes lors du chantier du tramway.

Le constructeur propose donc de recourir à des techniques spéciales.
- Pendant les travaux , pour minimiser le débit en fond de fouille, le « jet grouting » est envisagé.
Il s’agit d’injections sous pression d’un « coulis » eau/ ciment aboutissant à la formation de structures en béton (pieux ou parois) in situ dans la masse du terrain. Ces forages sous pression s’accompagnent forcément de vibrations importantes :
Quels seraient les risques encourus par des constructions fragiles comme la gare du Sud et l’acqueduc souterrain de Rivoli?
Pendant la « phase jet » les volumes en excès du mélange sol/coulis remontent en tête du forage (si le matériel est trop visqueux pour remonter, il y a un risque réel de désordres importants : claquage du sol). Ces rejets sont très polluants et doivent être impérativement évacués.
Ces risques ne sont pas évoqués, et les méthodes d’évacuation ne sont pas traitées dans le dossier du permis de construire.
NDLR : les lecteurs remarquerontles similitudes entre la technique de fracture hydraulique des gaz de schiste et ce jet grouting ;-)

- Pour minimiser l’effet de barrage, des solutions d’écrêtage par barbacanes sont proposées. Mais elles se situent par définition en limite externe du périmètre des fouilles, donc dans le sous sol des parcelles voisines ce qui requiert les autorisations des propriétaires.
Quelles seront les impacts ce ces implantations sur les sous-sols du voisinage ? Quelle sera la nature des troubles et quels sont les moyens de les limiter ?
Par ailleurs, quelle assurance avons nous que ces autorisations d’implantation des barbacanes seront obtenues dans le les limites du planning prévisionnel ? Et sinon quelles sont les solutions envisagées ?
L’étude d’impact insiste sur la nécessité d’une évaluation plus fine de la granulométrie du sous sol, de la connaissance des variations des niveaux d’eaux souterraines qui n’ont pas été analysées pour l’instant.
En conclusion : le projet ne nous semble pas suffisamment abouti et ne garantit pas la préservation du bâtiment classé de l’ancienne gare. Comme la réhabilitaiton de celle ci se fait sous la responsabilité d’un maitre d’œuvre différent (il a été choisi par concours, que j’ai présidé), il apparaît souhaitable que les propositions de ce permis de construire reçoivent l’aval écrit de celui-ci.
En toutes hypothèses, les coûts prévisibles et surtout les risques évidents de désordres graves dus aux eaux souterraines, nous amènent à poser la question de la pertinence économique et environnementale de ce parking souterrain, tout particulièrement à l’aune de la volonté de faire de Nice, la ville verte de la Méditerranée.

Réhabilitation de la Halle des trains
- Restauration du bâtiment classé
On remarquera d’emblée qu’il n’y a pas restitution intégrale de l’ancienne halle de Baltard puisque seules 8 fermes sont reconstruites sur les 11, plus l’équivalent d’une demi-ferme opaque qui sert à « raccorder » la verrière au bâtiment de la gare .
Le recours à des matériaux opaques métalliques pour les couvertures du toit de la halle et des travées latérales, et au « tout vitré » des parois, donne à l’ensemble un aspect très moderne. On ne se trouve pas du tout dans une restitution à l’identique d’un bâtiment classé, ni en volume ni dans l’aspect extérieur. C’est pourtant ce qui a été exigé dans les plus petits détails pour le « bâtiment des voyageurs ».
Pourquoi cette différence d’exigences de la part de l’architecte des Monuments historiques ?
Enfin s’agissant d’un monument historique, je m’étonne que le périmètre de sauvegarde ne soit absolument pas respecté et que la halle soit flanquée au sud d’une vraie muraille « d’échoppes » sans aucun souci d’esthétique. Toute perspective à partir du Sud et de l’Ouest sur la halle est ainsi bloquée.
- Coût de l’opération
Par ailleurs l’absence évidente de projet réel pour la halle ne permet pas un projet de réhabilitation intérieure aboutie.
Pour cette seule restitution du bâti nu, nous allons payer dans le cadre du VEFA 8 531 412 Euros
Or lors du démontage de charpente métallique, le marché passé avec l’entreprise DUMEZ incluait une tranche conditionnelle de repose de la charpente. Celle ci était évaluée environ à 0.5 Millions, soit environ 16 fois moins que le cout du VEFA ….. et avait fait l’objet d’un marché négocié.
Nous sommes en droit de demander avant que le permis ne soit accordé une justification pour les 8 Millions supplémentaires qui semblent une somme exorbitante pour la verrière et le toit (puisqu’aucun aménagement intérieur n’est inclus dans cette somme).

RESERVATIONS D’EMPRISES
Pour aboutir à une réelle intermodalité entre les Chemins de fer de Provence et le tramway, une réservation d’emprises en sous sol de 3000 m2 a été imposée au constructeur le long de la limite sud du terrain, le long de la rue Thivin.
Lorsqu’on superpose les réalisations projetées – objet du permis de construire, il est évident que ces emprises seront difficilement exploitables en sous sol : elles sont contigües au parking, aux extensions d’Intermarché.
La liaison intermodale aurait du faire partie intégrante de ce projet d’aménagement. Et s’il devait y avoir une voie souterraine elle aurait du se réaliser en même temps que le parking. Cela pose donc le problème de l’absence de vision et de coordination globale du projet en termes de travaux, de nuisance et d’aménagement dans le quartier.

Nous demandons que le permis de construire fasse explicitement référence à la nécessité de réserver ces emprises. Et qu’il ne soit accordé qu’à la condition que ces emprises soient accessibles et constructibles.

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