jeudi 6 octobre 2011

Le tram niçois à un milliard

L' intervention que j'ai rédigée sur le calamiteux projet de la ligne 2 du tramway pour le Conseil Municipal de ce vendredi 7 Octobre. Peut-être ne pourrai-je aller jusqu'au bout (on peut très facilement nous couper le micro) ou que les orateurs précédents auront déjà exprimé une partie de ces arguments. Mais c'est ce que j'aurai préparé.


Le métro-tram à 1 milliard : une aberration technique et économique

Ce sera la décision la plus importante de cette mandature par son importance structurante et surtout par le chiffre annoncé puisqu’il équivaut à 3 fois le stade.

Pour une élue écologiste une liaison ouest-est bien pensée, en connection avec les TCSP existants est le seul moyen d’absorber les flots de véhicules qui transforment la promenade en autoroute urbaine lente et polluent constamment l’air que respirent nos enfants.

Donc, après le retrait stratégique du tram translucide sur la prom, j’étais pleine d’espoir sur le nouveau projet.

Hélas, nous avons découvert une chimère, un hybride car on crée l’infrastructure d’un métro pour y faire passer un simple service de tramway et ceci a un coût, exorbitant, et cumule des inconvénients qui à mon avis l’emportent sur les points positifs. .. car je reconnais des points positifs.

Mais les failles techniques et fonctionnelles du dossier me semblent rédhibitoires. Je ne m’attarderai que sur les plus criantes :

- le terminus Est : que le trajet soit aérien ou souterrain, il nous apparaît inconcevable que la ligne s’arrête au port avec comme seule intermodalité les ferries pour la Corse. Le prolongement jusqu’ à la place Blanqui devant la gare de Riquier est indispensable. Il doit se concevoir dans la dynamique de l’actuelle concertation en cours sur la ligne LGV, comme un petit pôle d’intermodalité qui desservirait tout un quartier.

- Les correspondances avec la ligne 1 : pas de correspondance quai à quai avec la ligne 1 ni à Nice Etoile, ni à Garibaldi

- La distance entre les deux stations de l’hypercentre : 970 m, près de 1 km autant dire que tout le quartier est mis à l’écart du tram.

- Les nuisances de la construction en souterrain sont habilement escamotées. La luxueuse notice et les aguicheuses vidéos ne montrent jamais la réalité de la fosse qu’il faudra creuser pour descendre le tunnelier et des rampes d’accès à cette ou ces fosses pour la noria de camions emportant ces milliers de m3 de sol et apportant le béton. Les jardins d'Alsace Lorraine et Durandy vont être durablement abimés.

- LE COUT : Le coût du projet présenté s’élève à 780 millions €, hors aménagement et frais connexes évalués à 30% par les services de NCA. Les coûts réels de la ligne excéderont donc le milliard d’€uros pour une ligne de tramway de 11.3 km : le km posé de tramway le plus cher de France!

Le choix de cette solution hybride cumule tous les inconvénients d’une solution en tramway (capacité moyenne, vitesse limitée, nuisances urbaines et coûts de fonctionnement d’un tramway), avec les coûts d’investissement d’un VAL, sans combiner les principaux avantages des deux solutions (forte capacité et vitesse d’un VAL, restructuration urbaine d’un tramway).

> Si les études montrent qu’une infrastructure de métro est nécessaire dans la 5ème ville de France, il faudrait alors envisager la mise en œuvre d’un métro automatique (à l’instar des VAL de Rennes et de Toulouse) avec comme conséquences un report modal massif et la réduction des coûts de fonctionnement.

> Si ,au contraire, les flux de voyageurs estimés ne légitiment pas un VAL, alors il faudrait avoir le courage politique de mettre en œuvre la solution de TCSP en surface issue du consensus politique responsable établi en 2007, permettant une économie de plus de 300 millions € aux finances publiques dans ces temps de crise et de rigueur budgétaire.

Ce projet en l’état n’est pas finançable par les collectivités locales. Et la notice de présentation se garde bien de fournir la moindre hypothèse de fonctionnement. Ce projet risque de mener Nice à un endettement sans précédent. Et ce ne sont pas les montages financiers de type partenariat public privé (comme le stade) qui risquent de diminuer cet endettement ni d’alléger les impôts locaux

Un écologiste ne vote pas contre un tramway. Un élu local responsable ne peut admettre une telle perspective financière alliée à un projet non fonctionnel. Nous nous abstiendrons.