dimanche 30 septembre 2012

Haro sur les Roms, le scandale du 27 septembre

Ceci est un billet d'humeur, une très mauvaise humeur, un coup de gueule. Ne pas réagir à ce qui vient de se passer le jeudi 27 septembre à Marseille, c'est approuver passivement tous les "français" qui décideraient de se faire justice.

Jeudi soir 27 septembre, des habitants d'une cité de Marseille Nord, ont contraint les familles Roms, installées à proximité de leurs immeubles depuis QUATRE jours, à lever le camp précipitamment.  Ces personnes ont ensuite incendié les restes du campement, sans violences physiques heureusement. Et le pire est que cette "opération" s'est déroulée en partie sous la "protection" de la police, impassible.

Si le président (PS) de la communauté urbaine, E. Caselli,  a dénoncé le fait qu'« un groupe de personnes (ait) cherché à se substituer à la loi de la République est d’une extrême gravité», beaucoup plus nombreux sont ceux qui ont minoré voire absout cet acte illégal, empreint d'une profonde xénophobie et d'une grande violence.

En particulier, le procureur a parlé d'« un emballement médiatique un peu scandaleux». « On me dit qu'il y a eu des invectives mutuelles et que les Roms sont partis d'eux-mêmes, a t-il poursuivi. On ne peut pas parler de violences".
Et voilà c'est la presse qui est scandaleuse, pas l'action des riverains! On rêve ...

Samia Ghali, la député-maire du 15ème arrondissement de Marseille, a tenu des propos non moins regrettables, qualifiant cette expulsion de "déménagement". Il est vrai, à sa décharge,  quelle avait organisé une réunion entre tous les maires des arrondissements de Marseille, il y a 3 ans, pour résoudre ce problème des Roms, à savoir mettre à leur disposition un endroit salubre avec toilettes ... Elle attend toujours, les Roms aussi.

Quant au ministre de l'intérieur, E. Valls, dont la politique de répression est pour l'instant, la seule réponse à la situation dramatique des Roms, il a néanmoins concédé qu' «il n'appartient pas aux citoyens de gérer la sécurité publique et encore moins la justice, ça peut très mal se terminer pour tout le monde ».

Qu'attend-il alors pour supprimer le dispositif des "voisins vigilants" institué par son prédécesseur Claude Guéant? Pourquoi chasse-t-il systématiquement les Roms de tous leurs campements AVANT d'avoir trouvé la moindre solution de relogement?

Depuis quand la répression aveugle, sourde à la détresse de mères de familles, de jeunes enfants,  est-elle la réponse à un grave problème social et sociétal qui implique une solution à l'échelle européenne?

Je suis totalement en phase avec le Conseil fédéral d'Europe Ecologie Les Verts des 22 et 23 septembre, qui a demandé avant même cet  épisode honteux, l’arrêt des démantèlements sans alternatives, ce qui implique que l'État fournisse des lieux de repli viabilisés, des terrains, ou des hébergements visant à garantir la mise en œuvre de l’accompagnement prévu par sa circulaire du 26 août 2012 . Pour ce faire le Conseil a également demandé la convocation d’une conférence pour réviser la stratégie nationale en faveur des minorités Roms.

Je suis vraiment consternée. Depuis ma petite enfance je vois se succéder les boucs émissaires : les "Polaks" et les "Spaghettis" venus travailler dans les mines de charbon, et nous les "sales escargots- qui-mangions-le pain-blanc-des-Français", puis il y a eu toute l'aventure des Algériens, Tunisiens et Marocains, dont l'intégration n'est toujours pas acceptée par certains. Cette année ce sont les Roms. Et il fallait que ce soit sous le premier gouvernement de gauche depuis dix ans, qu'un dérapage aussi crade se produise. J'espère encore qu'il est temps qu'un vrai message d'espoir parvienne à ces banlieues et qu'on ne dresse plus les plus démunis contre leurs semblables.


vendredi 14 septembre 2012

Les grilles de la coulée verte au Conseil Municipal

En direct live du Conseil Municipal :

Nous venons d'avoir des échanges héroïques sur les grilles des  jardins en général et de la coulée verte en particulier .. ce serait drôle si le maire n'était aussi arc-bouté sur cette politique sécuritaire tous azimuts

Je recopie mon intervention sur ce que mon fils a appelé avec humour "les Ramblas à la niçoise"  :

"Je reprendrai le terme utilisé par un des chroniqueurs de notre quotidien local : encore un « ghetto vert ». Il y a eu il y a deux jours deux pleines pages de ce quotidien consacrées à la fermeture des parcs et à ce climat obsidional qui s’installe dans la ville avec une stigmatisation permanente de certaines catégories de la population.
Tout ce qui manquait était la coûteuse clôture programmée de la coulée verte pour la modique somme de 2 Millions, coulée verte qui coulera bien corsetée par des grilles de plus de 2m et sera tronçonnée en 4 par des portails disproportionnés, fermés à des horaires qui font crouler de rire nos amis catalans ou italiens.
800 caméras, le plus fort contingent de policiers municipaux de France à pied, à cheval, en voiture , une très faible population de Roms pour une grande ville du midi, eh bien il faut néanmoins impérativement grillager le moindre lopin vert, le cadenasser avant même que la nuit tombe, s’ingénier à ce que tout banc de la ville ne permette à personne de s’allonger. Est ce que vous mesurez l’image que nous donnons ?
Et c’est totalement inefficace car de la même façon que toute prohibition sécrète une contrebande, ces fermetures abusives et omniprésentes, outre leur laideur, suscite vandalisme et irrespect pour le bien public.
Je n’ai pas de solution miracle à proposer, je dis juste que des grilles et des miradors n’ont jamais remplacé des éducateurs."
Le maire a répondu par une longue tirade sur les mérites de sa police municipale et pour finir m'a demandé si j'étais prête à mettre mes idées en application en ouvrant mon jardin au public ....

dimanche 9 septembre 2012

Derrière des grilles de 2 mètres, la "coulée verte" niçoise ...

Lors de la campagne des municipales de 2008, nous avions lancé l'idée de supprimer les horreurs vieillissantes qui défiguraient le Paillon (parking, soit disant jardins suspendus, gare routière délabrée). Idée reprise par Christian Estrosi qui a ainsi lancé à grand fracas, l'opération "coulée verte".

Je citerai la prose officielle décrivant cette réalisation, car parfois le simple rappel des discours officiels peut être très cruel :
"Ainsi va naître au coeur de la ville, au dessus du Paillon, un parc urbain unique de 12 hectares,vaste coulée verte de 12 ha ..."
Elle sera " un moyen de réintroduire la nature dans la ville, de valoriser les espaces publics, une promenade verte offerte aux piétons et aux familles, et qui dégagera les façades des immeubles baroques de la vieille-ville en recréant un lien avec la ville nouvelle .... Ainsi un lien sera créé, il offrira la cohérence entre la géographie du fleuve et l’organisation urbaine qui s’est développée sur les deux rives : il faudra s’attacher en particulier à inclure le périmètre du projet dans une réflexion de façade à façade qui prenne en compte les relations entre les rues et les espaces publics en rives gauche et droite.»

Je savais que la municipalité avait décidé de clôturer. On avait répondu à mes questions par un "mais madame le soir on deale dans le parc Albert 1er". Ce à quoi j'avais répondu qu'une clôture ne ferait que déplacer le problème et priver les niçois comme les touristes, d'un parc bienvenu en été.
Ce qui m'a fait bondir récemment c'est le détail de la clôture de cette coulée.

La coulée verte niçoise "coulera", sur l'intégralité de son parcours, de l'Eglise du Voeu à la mer, entre deux murailles de grilles hautes de 2m10 ....

J'ai donc découvert récemment le détail de cette clôture : la totalité du parc sera fermée par d'immenses grilles de 2m10 de hauteur, dont les barreaux, peints en gris foncé, ne seront espacés que de 11 cm. Ce qui signifie que dès qu'on se tiendra un peu de biais par rapport à la clôture on aura une impression visuelle de mur continu. Et lorsqu'on se tiendra sur le
Boulevard Félix Faure, le lien visuel sur les façades du Vieux Nice ... risque d'être , comment dire, un peu hachuré.

Comme on ne peut empêcher la libre circulation sur les voies traversant la promenade, nos urbanistes ont alors fractionné la promenade en 4 tronçons fermés à chaque extrémité par des portails en tôle découpée. Drôle de coulée ....
Des portails pivotants sur un axe central seront installés de part et d'autre de chaque traverse routière, y compris la Place Masséna. Sur les plans ou esquisses ils me rappellent les portillons de départ d'un champ de courses hippiques. Fermés, ils boucheront irrémédiablement toute perspective paysagère à hauteur de regard ... à moins de mesurer plus de 2 mètres ...
3 énormes portails coulissants fermeront le jardin Albert 1er (2 au sud vers le monument, 1 au nord), avec des longueurs de respectivement 24, 24 et 41 mètres (en 2 ou 3 vantaux seulement !). Mêmes remarques pour la continuité visuelle. De plus cette débauche de portails implique une escouade de personnels chargés de les fermer et de les ouvrir.
Tous ces portails sont verrouillés par des systèmes électroniques perfectionnés. Mais comme les portails sont en tôle "artistiquement" découpée (style vagues de la mer...) , tout jeune un peu sportif pourra les escalader .... et je n'ose imaginer les problèmes posés en cas d'accident pour l'accès  de véhicules de secours aux zones clôturées.
 
Cette somptueuse idiotie coûte aux contribuables de la Métropole (eh oui, c'est la Métropole qui passe les marchés de la Coulée verte) près de 2 Millions d'euros, 5% du coût global (oui, la coulée verte coûtera 40 Millions). Auxquels il faudra ajouter des frais conséquents de maintenance, car ces grilles peintes résistent mal à la pollution et à l'air marin, et il faut les repeindre régulièrement, mais là ce sera le contribuable niçois qui paiera.

C'est vraiment l'art de transformer une bonne idée en un sommet du ridicule. Car enfin, quand on nous proclame qu'on veut faire de Nice la capitale verte de la Méditerranée et une nouvelle Barcelone, on peut franchement rigoler. Un seul de nos édiles est-il allé en Espagne vivre avec des espagnols ? Sait-il qu'à Barcelone, comme à Madrid, 20h30 est l'heure des tapas et de la promenade, le tout début de la soirée? à Nice on fermera au même moment les grille des jardins du centre ville !!! Frileusement, comme des petits vieux.