samedi 19 janvier 2013

Quel mariage pour toutes et tous ?

Cet après midi, j’ai participé, gaiement – si j’ose dire – sous une pluie battante et un ciel de plomb, mais dans une indescriptible ambiance de militantisme et d’amitié, à la manifestation pour soutenir la loi sur l’égalité pour toutes et tous (mariage, adoption et PMA).
Le déferlement de manifestations, propos homophobes, mais aussi misogynes, de ces derniers jours m’a vraiment interpellée. Des personnalités politiques locales et nationales se sont clairement prononcées contre la liberté fondamentale à disposer de son corps, et de fait, contre la liberté non moins fondamentale d’aimer la personne de son choix et de pouvoir donner à ses sentiments une traduction juridique.
Je trouve dommage que le gouvernement Hollande n’ait pas eu l’idée ? ou le courage ? ou le temps ? de « mettre à plat » les textes existants et de proposer une solution carrément neuve. J’aurais aimé une « union civile républicaine » unique, la même pour tou-te-s, qui reprenne les aspects positifs du mariage (possibilités d’adoption, pension de réversion et autres mesures en faveur du conjoint survivant) et du PACS (légèreté du dispositif, fin des procédures interminables du divorce). On laissait les querelles stériles sur le mariage-sacrement aux églises diverses et on se souciait uniquement des droits des personnes et de leur égalité devant la République.
Pour une militante et élue d’Europe Ecologie Les Verts, les enjeux  de l’égalité des droits entre les femmes et les homme sont des enjeux fondamentaux, et qu’il s’agisse  de l’égalité entre homosexuels-les et hétérosexuels-les ne change RIEN à l’affaire. 
Les oppositions – parfois violentes -  au mariage pour tou-te-s , à l’adoption, et à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes au même titre qu’aux couples hétérosexuels, montrent à quel point il est encore difficile pour certaine-e-s de penser la société en termes d’égalité des droits et non de hiérarchisation de valeur des individus. 

Se battre, aujourd’hui, pour l’accès à l’assistance médicale à  la procréation pour les femmes lesbiennes, est le même combat, que celui que ma génération a mené pour que les femmes aient la maîtrise de leur sexualité et le contrôle de leur fécondité avec le libre accès à la contraception et à l’avortement. Droits qui sont à nouveau contestés par certains courants politico-religieux.
Or, pour nous, il s’agit de sortir d’un monopole de la sexualité légitime, attribué hier au mariage, aujourd’hui à l’hétérosexualité, de sortir de ce cadre normatif où serait justifiée une inégalité des sexes et des sexualités.
Pour nous, féministes et écologistes, les femmes doivent être  libres  d'avoir ou non un enfant. Avoir un enfant n’est pas un droit, mais être l’aboutissement d’un projet.  En quoi ce projet serait-il moins légitime pour les femmes lesbiennes que pour les femmes hétérosexuelles dont le partenaire est infertile ?
En France, la loi bioéthique de juillet 1994 réserve le droit de recourir à l'assistance médicale à la procréation aux couples hétérosexuels de moins de 43 ans, mariés ou fournissant la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans. Cette limitation doit être levée dès lors que ce cadre légal change pour les couples homosexuels avec la loi en cours d’élaboration.
Nous ne ferons que rattraper des années de retard par rapport à nos voisins Européens : Espagne, Belgique, Danemark, Pays Bas, Royaume-Uni, où en particulier toutes les femmes, qu’elles soient en couple (hétérosexuel ou homosexuel) ou seules, peuvent avoir recours à la PMA.
Refuser d’ouvrir l’accès à l’insémination artificielle aux femmes lesbiennes en France revient donc à consacrer une inégalité sociale d’accès à la parenté, puisque des couples aisés pourront toujours aller dans les pays voisins. Et je dis bien insémination … pas des techniques lourdes qui relèvent de décisions médicales hors du cadre de cette loi.
La question se pose également en termes de protection sanitaire des femmes. Le recours à une insémination « artisanale » expose les femmes aux MST/IST/VIH. Ces risques sont inacceptables. Nous ne sommes plus au temps des faiseuses d’anges.
D’aucuns s’inquiètent et protestent sur les problèmes de filiation qui en découlent. Ils ne me semblent pas fondamentalement différents de ceux qui ont déjà été traités pour les adoptions et nos législateurs les résoudront. Ils me semblent aussi relever d’un problème structurel de société. Il y a dans le monde des sociétés matriarcales, d’autres où la notion de père n’existe pas. Des ouvrages ont été écrits sur les changements profonds de la notion de parentalité induits par l’éducation comme dans les kibboutz par exemple ...
Pour les militantes EELV, féministes, l’ouverture de l’accès à la PMA aux couples de lesbiennes, au même titre que pour les couples hétérosexuels dont l’homme est stérile, relève d’une émancipation de la femme.  Nous sommes donc clairement en faveur de l’ouverture de l’accès de la PMA aux couples de lesbiennes.

Pour conclure, je répèterai ce que j’ai dit à la fin de la manif. Je souhaite vraiment que la loi soit applicable au plus vite et qu’ainsi, avant la fin de mon mandat de conseillère municipale, dans une mairie de droite, j’ai la satisfaction de célébrer des mariages entre personnes de même genre.

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