dimanche 13 octobre 2013

crèche vs mosquée : le faux problème

Le dernier Conseil Municipal du 11 octobre a été marqué par la situation conflictuelle créée par un projet de délibération concernant l'achat de parcelles bâties et le lancement d'une déclaration d'utilité publique ( DUP) donnant le droit d'exproprier en vue d'un construction de crèche sur ces parcelles, à Nice La Plaine, dans la basse vallée du Var. A priori la délibération aurait semblé assez "innocente", mais de fait elle était particulièrement vicieuse. Ce que les textes, ni du projet de délibération, ni des annexes, ne précisaient, c'est que ce bâtiment à transformer en crèche, et les parcelles, étaient la propriété d'un "homme d'affaires" saoudien, que ces locaux étaient actuellement mis à disposition d'un collectif d'associations musulmanes et enfin que ces associations avaient initié un projet de "mosquée" dans ce bâtiment.
Pour en avoir longuement parlé avec des musulmans très modérés, il faut entendre par mosquée, non seulement un centre de prières, mais aussi un centre associatif, lieu de rencontres et de débats, tout comme les maisons communautaires juives par exemple.
Le refus du maire et de ses troupes, signifié de façon aussi cauteleuse, a de quoi surprendre ….

Mais ici, à ce problème récurrent d'implantation de lieux de culte musulman, se superpose un autre point conflictuel : l'aménagement de la basse vallée du Var.
La crèche, que l'on oppose avec une formidable hypocrisie à une "mosquée", se situerait à 200m d'une crèche existante .. et théoriquement "anticipe" les besoins d'une séquence programmée de bétonnage dense de l'OIN : l' éco-quartier Nice Meridia.

EELV ne voulait pas s'interposer dans le débat en cours sur les "salles de prière" mais nous avons néanmoins tenu à envoyer le bref communiqué que je retranscris .. car un débat peut en cacher un autre. Nous sommes bien évidemment en campagne électorale et tous les moyens sont bons, y compris la mauvaise foi.

Communiqué du 10 octobre :

"A la suite des déclarations du maire et au vu du contenu de la délibération 5.7 présentée au conseil Municipal du 11 octobre,  Europe Ecologie tient à préciser sa position.

La réalisation d'un lieu de vie et de culte, dédié aux pratiquants musulmans de Nice et au delà, est une priorité sociale, et un manquement flagrant à la loi, étant donné l’absence de tout équipement décent de ce type, alors qu’on dénombre plus de 100 000 musulmans dans les  Alpes Maritimes.

EELV rappelle son attachement au respect d’une république laïque telle qu’elle est définie depuis 1905, et signale le scandaleux retard pris par Nice sur ce point par rapport aux grandes villes de France.

Opposer par le biais de la délibération proposée au Conseil du 11, la construction d’une crèche à la réalisation d’un lieu cultuel est une double aberration :

-    Aberration morale car elle renvoie les pratiquants musulmans dans les « caves ».

-    Aberration urbanistique, aussi. Cette crèche est censée anticiper les besoins d’un futur « éco-quartier ». Or, rappelons que par définition, un éco-quartier intègre la totalité des services dont ses habitants ont besoin : santé, enseignement, commerces et bien sûr, équipements de la petite enfance. C’est à Nice Meridia qu’une crèche neuve doit être programmée !!! Il est temps que le terme d’éco- ne recouvre plus des coquilles vides.

Nous refuserons cette délibération malsaine et qui ne répond pas aux vrais besoins des niçoises et niçois. "

L'opposition a donc voté contre la délibération après avoir subi un interminable et violent soliloque du maire, très irrité par l'interpellation du conseille PS Razak Fetnan, qui plaidait avec une passion certaine , le droit à la liberté de pratiquer à Nice, le culte de son choix.

Je terminerai en précisant que je suis athée et donc ne plaide que pour une politique de réelle laïcité et d'équité.... ce qui est loin d'être le cas à Nice. Il faudra revenir sur ce point.

vendredi 11 octobre 2013

Parcs et jardins : les fermer ou pas ?

Le Conseil municipal de Nice a adopté aujourd'hui un document intéressant et important : la Charte des Espaces Verts de la ville de Nice.

Je suis intervenue car je reste convaincue que pour la plupart des parcs et jardins les lourdes grilles de fer et leur corollaire la fermeture la nuit est une erreur. Pourtant la ville n'a pas su - depuis longtemps - gérer un personnel "médiateur", qui par des explications et actions modérées, aurait pu convaincre les utilisateurs que les parcs sont un bien commun précieux et qu'il ne faut pas les confondre avec des sites pour barbecue ou activités encore plus dommageables. Si bien que ces grilles et les fermetures sont parfois plébiscitées.

Voici mon intervention .. qui a entraînée de longues digressions sur la sécurité.


"Cette mise à jour de la charte des parcs et jardins de la ville est la bienvenue.

J’ai apprécié le rappel au « savoir vivre ensemble » que constitue ce texte et espère que la presse s’en fera largement l’écho ainsi que, pourquoi pas, les écoles et centres aérés..

J’ai aussi apprécié que soit acté le bannissement des herbicides et insecticides, que les aires de jeu des petits enfants soient –théoriquement du moins – préservées de ce qu’il est convenu d’appeler les pollutions canines.

Il y a un point cependant qui me gêne beaucoup et que j’avais évoqué ici pour la Promenade du Paillon : les horaires de fermeture. Car la majorité des parcs et jardins étant clôturés, ils sont ouverts le matin et fermés le soir.
Il y a un effort dicté par le tourisme sur le Paillon et en été , à la sortie des spectacles et restaurants les niçois comme les touristes pourront s’y attarder jusqu’à 23h sauf pour la très grande portion qui va du théâtre jusqu’à la traverse Dunkerque-Flandres après le Lycée Masséan qui inexplicablement est fermée à 22h …

Mais les parcs ne sont pas là pour les touristes exclusivement (ils sont là pour embellir et aérer la ville certes, mais essentiellement pour apporter aux habitants la nature dans la ville et en été, ombre et fraîcheur.)

Lorsqu’on habite dans des ensembles immobiliers dépourvus de jardins, pouvoir se balader, s’asseoir, respirer un peu dans un parc ou jardin, la nuit tombée peut être un vrai plaisir pour les citadins. C’est aussi un des seuls moyens de lutter contre les dangers de la canicule. Or la quasi totalité des parcs et jardins ferment à 20h alors que le soleil brille encore, pour certains la fermeture est même prévue à 19h et pour deux parcs, la Clua et les Tripodes, on va même jusqu’à programmer la fermeture totale tout le mois d’août .. On peut légitimement se poser des questions.

Alors j’ai demandé à des collègues élus dans des grandes villes quelle était la politique menée en ce domaine. Pas mal de villes ferment – hélas – leurs parcs la nuit, la plupart à 21h, certaines à 20H. Mais il y des exemples éclatants qu’une autre politique est possible. Je vous en citerai 2 :

Dijon : 700 ha d’EV : 15 parcs et 80 jardins, splendides car hérités d’une longue tradition historique. Seuls sont fermés à 22h en été les quelques parcs qui renferment de petits zoos. Depuis que les parcs sont ouverts, de substantielles économies sont réalisées car il n’y a plus de gardiennage à financer et divine surprise : moins de vandalisme. Comme si la population s’était appropriée les lieux.

Paris : là aussi, immense patrimoine végétal en pleine ville et dans les banlieues, fermé vers 21h30 sauf quelques espaces ouverts comme l’Esplanade des Invalides. Il y a 2 ans, la mairie à décidé d’une démarche expérimentale : et la moitié des parcs a été laissée ouverte 24h/24. Une des motivations a été d’utiliser les parcs dans la lutte contre les effets de la canicule. Après un premier temps la proportion des parcs ouverts a été ramenée à 25% et la mesure donne satisfaction.

A mon humble avis, si Dijon et Paris arrivent à pratiquer l’ouverture des parcs nous devrions y arriver."

Une nouvelle cuisine pour la restauration scolaire : rien avant 2018!!!

Aujourd'hui au Conseil municipal nous avons voté pour le lancement d’une opération de reconstruction de la cuisine centrale. La cuisine centrale est un énorme laboratoire que la ville pilote en régie et qui confectionne tous les repas des cantines scolaires, des crèches et des centres aérés. Cet équipement nous a été laissé par la Sodhexo dans un état de délabrement très inquiétant pour nos enfants et franchement scandaleux.

C'est un sujet qui me touche et j'ai  tiqué sur l'échéancier : l'équipement - qui coûtera 26 Millions -  ne sera prêt qu'en 2018 voire 2019 !!!!

Je suis donc intervenue sur ces points. Je recopie mon intervention, avec en italiques quelques remarques supplémentaires


Tout d’abord je tiens à remercier les directeurs des services concernés qui , à l’issue de la commission permanente, ont accepté de me présenter les projets en cours et d’expliquer les différents problèmes à résoudre. Cette marque de confiance m’a touchée, tout comme leur extrême dévouement lors du lancement de la régie. Qu’elles et ils soient tous remerciés du sommet de la hiérarchie aux nombreuses petites mains car une partie du bien être de nos écoliers est entre leurs mains.

Après la mise en régie, et un audit montrant le déplorable état des lieux  la nécessité de reconstruire la cuisine est devenue une évidence
De toutes façons l'équipement a 25 ans, âge moyen de survie de ce type d’équipement. Sa maintenance aux normes de fonctionnement actuelles coûte très cher. Autant repartir à zéro.
Je rappellerai que le fonctionnement en liaison froide est très cher, très énergivore, et induit une forte empreinte écologique : (on reçoit froid, très emballé, on cuit, on refroidit, on réemballe, on transporte froid et on réchauffe sur les 110 sites de consommation)

Parallèlement la mise en oeuvre en régie et la montée en charge du bio nous ont aussi montré les difficulté qui n’étaient pas faciles à appréhender d’emblée en 2009 :
- Servir 24 000 repas jour impose de passer par des revendeurs et même des grossistes qui sont je dois dire, un club restreint . Ces grossistes ne sont pas forcément bio et encore moins « localistes »
- L'absence de banc de préparation de légumes et 22 000 rations quotidiennes  ne permettent pas d’acheter des légumes frais, sauf à la marge un peu de tomates en été. Ce sera amélioré dans la future cuisine
- De toutes façons nous ne pourrons pas trouver ces denrées localement ; par ce qu’il a une très petite production et en outre rarement bio

Je voudrais traiter deux points : le bio et les modalités de la reconstruction

•    Le bio :
Nous en sommes à un peu plus de 25% . C’est bien. C’est mieux que les prescriptions du Grenelle (20%°). Mais il reste tout de même 75 de non bio donc toujours plein de pesticides et autres reprocides dans les assiettes de nos enfants.
Je signale que suite à mes demandes dès le tout début les aliments bio sont fournis toute l'année : les yaourts, les pommes, le riz, les pâtes sont toujours intégralement bio, une partie de la viande est bio sinon elle est labellisée Label Rouge. Chaque jour un aliment bio est proposé aux enfants.
 

Et on me dit qu’il y  deux freins : le prix et l’approvisionnement. Eh bien je dis que les deux problèmes on peut les résoudre et que C'EST UN PROBLEME DE CHOIX POLITIQUE

•    Le prix du bio : les aliments bio sont plus chers et c’est normal. Pour de la viande de qualité cela peut passer du simple au double. Mais lorsque j’ai demandé de chiffrer ce surcoût  pour un an de fonctionnement : 200 000 € ? plus ? je n’ai pas eu de réponse. Je suis persuadée qu’en supprimant un ou deux évènementiels inutiles – je pense aux « extreme sailing series » par ex, et autres sponsoring, on arriverait facilement à progresser en bio
•    La rareté du bio et des productions locales: (de mon point de vue acheter une poire en Argentine en août est hérétique, mieux vaut une pomme locale non bio bien lavée, c’est meilleur pour la planète). Le bio et le local sont rares parce que les terres agricoles périurbaines de Nice sont rares et que tout est fait pour décourager les jeunes agriculteurs désireux de s’installer ici en bio.
C’est un débat récurrent ici et à la métropole. PLU après PLU je vois les belles terres maraichères en bordure du Var se couvrir de béton : à la gaude, à St Laurent, à Carros, et entre Entrevaux et Puget Théniers des vergers florissants sont à l’abandon … Continuons … mais faire les effarouchés est de la pure hypocrisie.

•    Les modalités de la construction : Comment reconstruire l’UCP ?

J’avais demandé pratiquement dès le début que l’on étudie une reconstruction de non pas une cuisine mais , mais 2, ou plus. Il semblerait que du fait que nous fonctionnons en liaison froide, cela soit très difficilement réversible. En tous cas l’étude pour 2 cuisines a été faite et a montré une explosion des coûts (je cite la directrice) Dont acte.
Aller plus loin relèverait de la théorie  et du débat de campagne électorale puisque cela reviendrait à hiérarchiser les grands équipements. Chacun les siens. Avec une grande coulée ou un abattoir au sang neuf on peut faire deux cuisines. Avec un tram souterrain dix …

J’arrêterai là .. mais si on l’avait vraiment voulu, la nouvelle cuisine serait prête bien avant 2018.

Mais mieux vaut tard que jamais et nous voterons cette délibération et participerons au jury de bon coeur